Inondation Santa Catarina : l’heure du bilan

L’heure est au bilan. Pourquoi une inondation d’une telle ampleur? Les conditions météorologiques n’étaient certes pas favorables, beaucoup de pluie au mois de novembre, 3 jours de pluie intense qui ont fait déborder grandement le vase. On ne peut pas blâmer seulement la météo. En vingt ans la région d’Itajai s’est transformée. En fait toute la vallée du fleuve Itajai a fait l’objet de grands changements.

En premier lieu la culture intensive de banane où beaucoup de forêts ont été transformées en terre agricole. (attention on n’est pas en Amazonie ici, la terre est riche et ne s’appauvrie pas après une déforestation) Cela a favorisé l’écoulement des eaux de façon plus rapide vu que les arbres n’étaient plus là pour les retenir.

En deuxième lieu les villes se sont agrandies, des lotissements ont été construits sur des zones inondables. Pour justement éviter que ces zones s’inondent, on les a surélevées d’environ 3 mètres. Ces zones qui étaient avant des bacs de rétention naturelle, n’ont plus servi de régulateur et l’eau a du aller se faufiler dans d’autres zones. Un énorme shopping center a été construit sur une zone marécageuse bien connue par les vieux paysans. Autre bac de rétention de la ville de Balneario Camboriu qui a disparu (environ 300 hectares remblayés)

En troisième lieu, la zone portuaire d’Itajai s’est élargie depuis quelques années et les zones de stockage des containers ont été aménagées également sur des zones inondables et surélevées de trois mètres pour justement éviter l’inondation. Des milliers d’hectare hors d’eau!

Quatrième facteur ! le manque de planification, la zone d’Itajai, tout comme celle de Blumenau, subit tous les 20 ans environ une inondation. Aucune mesure drastique n’est prise pour justement tirer profit d’une telle catastrophe et faire en sorte que cela ne recommence pas. On oublie vite fait et on remet cela dans les mains de dieu. Fatalisme! Je hais cette phrase (si dieu le veut, ça va aller bien, se Deus quiser vai dar tudo certon) Les rivières ne sont pas drainées, les égouts sont en piteux état et mal dimensionnés. Exemple j’ai suivi dans ma rue la rénovation de la chaussée et la mise en place de nouvelles canalisations d’égout, à l’époque j’avais été surpris par le faible diamètre des tubes! Environ 40 centimètres! Une misère alors qu’à mon évaluation (je ne suis pas du métier mais j’observe), il faudrait plutôt des égouts de 2 mètres de diamètres dans à peu près toutes les rues, justement pour écouler l’eau de toutes ces zones inondables, voire construire un énorme canal et évidemment faire des barrages en amont du fleuve.

Voilà comment une bombe à retardement et à répétition a été programmée. Ensuite quand la bombe a explosé, la défense civile a été complètement débordée, pas assez d’hommes pour faire fasse à une telle catastrophe. Budget voté mais l’argent n’est jamais arrivé. Désorganisation totale de la logistique où on arrive pas a décharger les camions de l’aide humanitaire, je pense que d’ici quelques jours nous allons entendre que le riz arrivent par dizaine de tonnes est en train de pourrir dans les hangars. Ce n’est pas par faute de bras, c’est par manque d’organisation. Trop d’habits, trop de nourriture, pas assez de matelas.

Demain que va t’il se passer? Sûrement pas grand chose, des cierges dans les églises, le pire est donc à venir, peut être une inondation par an, même bilan, même lamentations. Si par desssus vient se greffer le déréglement mondial des conditions climatiques (il va pleuvoir de plus en plus dans les régions pluvieuses) l’effet va donc s’amplifier par ici!

Pour clore l’affaire, ce n’est pas le manque d’argent qu’on pourrait blâmer, l’Etat de Santa Catarina est extrémement riche, l’argent existe, il est seulement mal dépensé et sûrement mal géré.

Attendez vous donc à entendre parler de notre région régulièrement. Sinon un petit coup de pub, la partie touristique de la ville est intacte, elle n’a pas été touchée sinon les 72 heures de pluie intense, où personne n’est vraiment sorti pour s’amuser. Ici à Balneario, la zone riche n’a pas été du tout atteinte. Heuresuement! Tout fonctionne normalement et rien ne s’est arrété. La plage a été nettoyée en priorité pour que l’économie continue a tourner.

Au Brésil, la crise ? Tout va bien

Il semble ici que tout va bien, est-ce un choc culturel? La crise, oui il y a une crise, mais je discute avec les Brésiliens et pas un ne semble vraiment s’inquiéter. Même le président Lula dit tout et son contraire dans ses discours. Un jour c’est grave, un jour ce n’est pas grave, Ok Lula ne vit que des projets lancés par son prédécesseur, mais la poussée passée n’est plus suffisante et ça commence quand même à piquer du nez.

Voilà le discours d’un gérant de banque, cousin de surcroit. Les demandes de crédit n’ont pas baissé, les Brésiliens achètent  toujours des voitures. Cela dit on voit quand même que ça chute puisque les concessionnaires font des promos à tout va pour maintenir leur vente.

Argumentaire. Le brésil est autonome en Pétrole. Il produit pratiquement tout en interne, au moins il produit les matières alimentaires de base pour nourrir tout la population même celle qui crève la faim, alors tout va bien. Certes quelques Brésiliens ont annulé leur vacances à Miami et à Paris, les prix des PC et tous les produits ont commencé à augmenter car pas fous, les gens ont vidé les stocks des produits achetés quand le dollar était bas. (moi le premier).

fashion show à camboriu 2008

c’est peut être parce que nous sommes loin du tremblement de terre généralisé, c’est peut être parce qu’il fait chaud ici, c’est peut être parce qu’il y a un peu de vérité la dedans. Mais la vague du Tsunami va arriver, j’en suis à peu près sûr. Tout ce que je demande c’est que l’entreprise de construction qui érige le gratte-ciel en face de chez moi le termine avant de faire faillite pour m’épargner l’horrible vue d’un futur immeuble abandonné.

Dans les rues à Camboriu, j’ai encore repéré deux nouvelles constructions d’immeuble cette semaine, on ne se décourage pas. Le marché de l’immobilier est-il si florissant? Tout ces appartements de luxe qui se construisent vont-ils trouver des acquéreurs? Il y a un appartement en vente à 5 millions de real tout neuf pas loin de chez moi, ça fait quand même 2 millions d’Euros. Ok c’est du très très grand luxe, du luxe tape à l’oeuil qu’on ne connaît pas en France. Ce sont des appartements de 500 mètres carrés sur deux étages avec ascenseur et 6 places de garage. Dans ces immeubles il y a des parties communes dignes des meilleurs hôtels 5 étoiles avec salle de gym, Saunas sec et humide (je ne sais pas ce que ça veut dire), piscine, salle de jeux, internet sans fil partout, salle de jeux vidéos pour les enfants, playground pour les petits. Le tout truffés des caméras vidéos reliées à internet pour surveiller tout ce beau monde et bien évidemment du gardiennage H24 car dehors ces structures il y a quand même des gens qui crèvent un peu la faim et qui aimeraient bien voler un riche.

J’ai l’impression de vivre sur une autre planète, c’est toujours la fête. Les gens se disent quand même que malgré la crise c’est toujours mieux qu’au temps de l’inflation. C’est le postivisme brésilien qui prime où l’on entend dans la rue les gens dire « si Dieu le veut, tout va aller bien ». C’est une leçon pour moi qui vient d’un peuple ultra angoissé qui fait grève pour le moindre problème qui n’en est pas un. Je comprend également qu’on soit des gros consommateurs d’antidépresseurs quand je vois par contraste ici l’attitude prise par les gens devant un problème. C’est donc une leçon de vie que je vie actuellement.

Le plus important ici c’est le fashion show de cette semaine.

Comment boire une bonne bière au Brésil

1) Trouver une ambiance très aérée, un ventilateur, une brise de plage, ou autre artifice pour supporter la chaleur torride qui règne au Brésil.
2) Regarder la température extérieure et intérieure 32 degrès est raisonnable pour commencer à écluser des litres de bière
3) Prendre un verre à bière. Le verre doit être nettoyé à l’eau douce et bien rincé pour éviter toute réaction chimique au futur contact de la bière. Sinon la bière ne moussera pas et pétillera moins, il faudra alors la jeter dans l’évier ou sur le sable (attention ensuite aux fourmis)
4) Congeler le verre. Congeler le verre est un acte important pour éviter justement le choc des témparatures quand vous verserez votre bière.
5) Congeler la bière. Ce n’est pas de la vodka, mais la bière au Brésil se boit à -3 – 5 degrés. il faudra donc calculer le temps de refroidissement en la mettant dans le congélateur. A moins que vous ne soyez fortuné et que vous ayez un réfrigérateur à bière.
6) Pour qu’elle atteigne une température idéale, je calcule environ une baisse de 1 degrés toutes les cinq minutes quand on met une cannette de bière dans le congé. Si vous sortez une bière du réfrigérateur à 8 degrés pour la mettre au congélateur, 50 minutes devront s’écouler avant que vous ouvriez votre bière. Attention si votre verre est congelé vous risquez que la bière se transforme en glace, ce qui n’est pas orthodoxe, mais la chaleur est tellement intense que 2 minutes après la bière redevient buvable. Le temps de refroidissement dépend de la marque du congélateur.
7) Une fois atteints tous les paramètres, vous versez une petite quantité de bière dans le verre et vous la buvez immédiatement.
8) Boire le tout, rapidement, de préférence répartir la bière dans plusieurs verres pour justement toujours avoir la bière fraiche et changer les verres régulièrement.
9) Jeter les canettes à la poubelle.
La glace fond vite, heureusement, la bière est bue au même rythme. L’idéal est justement de mettre la bière dans des bacs à glaçons, on atteint une température  idéale, autant mettre les verres également dans le bac à glaçon.

Pour ne pas vexer un Brésilien

  • Ne dites pas que vous aimez la bière chaude. 
  • Ne laissez pas de bière chauffer au fond de votre verre.
  • Ne remplissez pas votre verre à raz-bord, toujours une petite quantité (grand maximum un tiers de la capacité).
  • Buvez tout de suite la bière qui est dans votre verre.
  • Ne vous reversez pas de bière si vous n’avez pas fini de boire le reste de votre bière.
  • Ne gardez pas le même verre toute la journée, il faut en changer souvent, pour éviter que votre salive ne se mélange avec le liquide provocant une fermentation accélérée qui dénature le goût de la bière et favorise la cuite.
  • Ne dites pas que la bière belge est meilleure que la bière Brésilienne, même si c’est vrai. La bière brésilienne est conçue pour en consommer une quantité très importante sans être saoul. Elle n’est pas fait pour réchauffer.
  • Ne vous offusquez pas si un Brésilien jette le contenu de votre verre que vous n’avez pas touché. Il doit estimer qu’elle est trop chaude et il va vous en resservir une bien fraîche.

Brésil, la crise? Ici dans ma campagne personne n’a l’air de s’inquieter

L’indice Bovespa a piqué du nez moins vite que l’ensemble des bourses mondiales, mais depuis Juin où l’indice a atteint son record historique, l’élastique s’est Cassé et l’indice chute de jour en jour.

indice Bovespa

Tableau 1 – Indice Bovespa

Pour couronner l’affaire, la valorisation du réal au Brésil par rapport à l’euro, n’a pas vraiment en la faveur des expatriés comme moi. J’ai connu un Euro à presque 4 reals il y a bien longtemps en Juin 2004 où nous étions les rois du pétrole. A l’époque je faisais des calculs pour m’installer ici et buller un maximum, aujourd’hui’hui il faut que je me remette à bosser pour reprendre un peu de forme financière.

cours de l\'euro et du réal

tableau 2 – Cours de l’Euro par rapport à Réal

Les prix étaient à l’époque bien moins élevés qu’aujourd’hui. Ce qui fait qu’on pouvait tranquillement acheter un magnifique appartement avec vue sur la mer pour 400 000 reals, soit 100 000 Euros, alors qu’il y a un mois avec un Euro à 2,5, le même appartement valait 1000 000 reals soit 400 000 EUros  soit une belle plus value de 400%. Un mois après, c’est à dire, aujourd’hui ce même appartement vaut un peu moins car l’Euro est passé à trois reals, soit 330 000 Euros, ce qui est encore très élevé pour un appartement.

L’effondrement de la bourse, et la crise financière n’est que le premier tsunami ou peut être le premier effet de la  bombe atomique, 1) l’effet de souffle, 2) ensuite va venir l’effet de chaleur, 3) puis la radiation. La chaleur va faire baisser les prix drastiquement ici à Camboriu, et on verra ensuite la radiation de toutes les entreprises de génie Civil et la mise au chômage de tous les maçons de la région. J’espère seulement que la tour de 32 étages en construction devant chez moi sera terminée avant la faillite, car ça ne va pas faire beau dans le décors.

Ici les Brésiliens semblent encore être sur leur petit nuage de prospérité. Oui Petrobras a encore trouvé du Pétrole en pagaille et le Brésil est auto suffisant en énergie. Oui il y a toutes les matières premières nécessaires pour ne pas à se soucier de l’extérieur, oui on fabrique des poulets de la viande bovine et du porc en quantité astronomique, mais les services vont se prendre un tel coup que tous les secteurs vont être impacté.

Ca va chauffer au Brésil, je vous dis. Tous ces Brésiliens qui goûtent aux joies du crédit automobile vont boire la tasse. Heureusement le crédit immobilier est ici ridicule car les riches achètent les propriétés plutôt cash où en faisant des permutations de biens pour éviter de payer des taxes, mais il ne faut pas oublier le crédit aux entreprises. Oui ça va chauffer ici, mais surement pas autant qu’à l’époque de l’inflation galopante. C’est triste tout ça, le Brésil commençait vraiment à ressembler à quelque chose c’est dernières 5 années.

Espérons que mes propos soient pessimistes.